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Mémoires d'un solibataire
1 mars 2015

Perceval de l'Amour...

L'acte manqué... Un sujet déjà évoqué ici par petites touches. Je ne parle pas directement de la notion psychanalytique de l'acte manqué, encore que l'aspect que j'évoque n'y est pas complètement étranger. L'acte manqué auquel je pense me rappelle une péripétie des aventures de Perceval. Lorsqu'il arrive dans le château du Roi Pécheur, il lui est fait bon accueil bien que la forteresse paraisse désolée. Au cours du banquet, une procession interrompt les conversations. Perceval ne comprend goutte à ce qui se déroule sous ses yeux. Il voudrait poser des questions mais il ne sait comment les formuler. Il se rappelle en outre les recommandations de sa mère l'invitant à ne pas importuner ses hôtes. Aussi reste-t-il muet. Cependant, la procession achevée, nul n'évoque l'apparition et la fin du banquet est précipitée. Le lendemain, à son réveil, la citadelle est plus désolée qu'à son arrivée. Avec amertume, Perceval est congédié, à cause de son silence. Il comprend avec retard que le Graal lui est apparu la veille.

 

Cette question en suspens, ce mutisme, cette timidité, même, qui me saisissent souvent, font écho au conte du Graal et à la mésaventure de Perceval. Oh, je ne vois aucune procession. Je me rattache seulement à cela sous l'angle métaphorique. Il y a des circonstances où l'interrogation qui m'assaille mériterait d'être formulée. Je ne crains pas un refus. Je redoute de rompre le charme d'une conversation agréable et, souvent aussi, insipide. Le genre de discussion qui finit par tourner en rond au fil des heures mais que l'on prolonge pour repousser le moment de la séparation. Je suis de ceux pour qui "l'occasion fait le larron". Je sais, c'est mal, sans doute. J'attends une ouverture dans le flot des paroles, un mot ou une idée lancés par mon interlocutrice qui me permettraient de dévier le cours tranquille de l'échange. Qu'y trouverais-je ? Du nouveau comme les voyageurs baudelairiens. Un refus certainement. Une excuse peut-être. Un acquièscement ? Je rêve. J'imagine cet instant comme la survenue du dénouement d'une intrigue, tandis que la conversation poursuit son cours. Le mot, l'idée, le prétexte ne viennent pas. Et nous nous séparons plus ou moins bons amis selon les cas. Des cas si rares, en toute hypothèse. Des circonstances obligatoirement gâchées par le doute, l'incertitude et l'irrésolution.

 

Je ne saurais jamais ce qui se cache ou pas dans la tête, ou pourquoi pas (soyons fous !) dans le coeur, de celle qui n'est chaque fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. J'imagine bien que, parfois, et seulement parfois, une semblable interrogation peut exister chez l'autre. Elle attend sans doute que je fasse le premier pas. Les moeurs évoluent, paraît-il, mais le mythe de la Belle dans sa Tour persiste... Je ne m'appelle pas Charles et je ne suis pas Téméraire. Comment concilier l'audace, si rare chez moi, avec ce discours, si commun de nos jours, selon lequel la moindre avance est nécessairement une agression ? Je respecte le libre-arbitre et je suis un garçon trop bien élevé. J'en crève un peu plus chaque jour. Je suis chaque fois congédié comme le chevalier errant peut l'être de la forteresse du Roi Pécheur.

 

Faut-il en conclure que je suis le Perceval de l'Amour ? C'est pas faux.

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Commentaires
S
Des mots, même insipides, plutôt que le silence assourdissant de la solitude. Cette présence, si légère et infime soit-elle, est rassurante. Elle nous permet d'exister à travers quelqu'un. Et si c'est éphémère, ça permet de reprendre son souffle si on doit retourner sous l'eau. En multipliant les conversations futiles, on chemine vers celle qui nous tiendra en haleine et qui donne envie de se taire et d'écouter.
S
Rien de maladroit ni de déplacé.
V
Je te prie d'excuser mon commentaire précédent. C'était maladroit et déplacé d'évoquer une expérience personnelle. <br /> <br /> V.
V
Il faut se méfier "des rêves étranges et pénétrants"... la plume des poètes est trempée dans la mélancolie de cet amour rêvé. ..<br /> <br /> <br /> <br /> Les conversations insipides...parfois j'arrive à me convaincre que c'est déjà ça.<br /> <br /> "ça"...pathétique n'est-ce pas?<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a quelques temps, j'accepte un rdv . Une relation de travail, pas tout à fait un inconnu. Je choisis le lieu, me disant que parler art me détendrait. L' homme me trouve mystérieuse...J'aime les regards et les silences. Je ne pense pas que cela fasse de moi une femme mystérieuse. Il m'a demandé qui se cachait derrière les silences. J'ai voulu faire un mot d'esprit et lui ai cité madame de Maintenon. Incompréhension du monsieur..."non mais soit sérieuse, comment te définirais-tu". <br /> <br /> Se définir? Dans mon littré y aurait-il une définition à V. ?<br /> <br /> Je lui prends la main, lui demande de fermer les yeux et guide sa main sur une sculpture. Je suis entre autres cette femme là, s'il faut me "définir".<br /> <br /> De séduisante et mystérieuse, je suis devenue "étrange". <br /> <br /> Retour aux conversations insipides<br /> <br /> <br /> <br /> Les conversations insipides , parfois c'est déjà "ça"
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