Solibataire de rentrée
Les vacances sont achevées. Le chemin du travail est retrouvé. Le temps passe. Tout change et rien ne change...
Elle est retrouvée. Quoi ? Non pas l'éternité de Rimbaud mais la routine du solibataire. Les collègues, revenus ou en partance, échangent leurs impressions d'été passées ou à venir. "Et toi, tu as passé de bonnes vacances ?" Je respire et je marmonne, l'air affairé : "Elles sont passées... Il est où ce *** de dossier ?" Mais cela ne suffit pas à satisfaire la curiosité des collègues. "Tu es parti ?" Et je sens monter en moi, comme une envie d'être désagréable, pour plomber l'ambiance et mettre un terme à la conversation du style : "Je n'étais pas loin dans le trou du cul du monde, cerné par des croûlants et sans tirer un coup, ça vous va ?" Mais je suis d'un naturel discret et je ne me vois pas étaler mes affres devant un parterre de collègues sur mon lieu de travail. "Non, à côté, chez mes parents. Je n'avais pas d'inspiration, cette année." Comme si cette année était différente des autres.
Partir loin ? Oui, j'aime le voyage, les cultures différentes, les langues exotiques. Mais seul, à quoi bon ? Partir au loin c'est me retrouver coincé entre des couples, des familles, des hordes d'amis dont les échanges avec eux se résumeraient à "C'est beau, non ?", "Je peux planter mon parasol sur votre drap de bain ?" ou "Je peux prendre la chaise ?" Quitte à être seul autant faire ça bien, dans un désert.
A l'instar de mes soirées et de mes week end, les vacances ne sont pas pour moi une récréation. Je ne me repose ni le corps, ni le coeur, ni l'esprit. L'amitié me manque. L'affection me manque. La tendresse me manque. L'émulation me manque. C'est un cri de l'âme et du corps.
Et je ne peux compter sur rien ni sur personne pour que cela change.
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)